L’univers politique
Il n’y a pas une journée où les quotidiens papier et les
chaines diffusant des nouvelles ne parlent pas d’actualité politique. Ce type
de chronique fait partie même de notre société et donc, de notre quotidien à
nous citoyens d’un pays, d’une province et d’une ville. Mais comment définir la
politique étant donné que nous y sommes en plein cœur? Voici la définition de
Wikipedia : « … la politique, au
sens de Politikè, ou d'art politique se réfère à la pratique du pouvoir, soit
donc aux luttes de pouvoir et de représentativité entre des hommes et femmes de
pouvoir, et aux différents partis politiques auxquels ils peuvent appartenir,
tout comme à la gestion de ce même pouvoir. »[1]
Lorsqu’il est question de politique, il est fréquent d’entendre le terme «
parti politique ». Ces derniers peuvent avoir des idées divergentes avec celles
des adversaires et même des conflits à l’interne, mais cet aspect sera discuté
ultérieurement. De nos jours, rares sont les partis politiques ne comportant
qu’un seul membre, il s’agit règle générale d’un groupe ayant une vision
commune et travaillant ensemble. Benjamin Constant définit quant à lui un parti
politique comme une « réunion d'hommes qui professent la
même doctrine politique ».[2]
Par leurs raisons d’être, les personnes
œuvrant dans le milieu politique se doivent de communiquer à un auditoire. Les
communications peuvent revêtir différentes formes, il peut s’agit d’un discours
à la nation, d’annoncer la création d’un nouveau programme social (Ex. Obamacare[3]), de prendre position sur un sujet ou un événement en
particulier (Ex. Pauline Marois vs MMA dans le déraillement à Lac-Mégantic[4]), de l’annonce de coupures budgétaires (Ex. coupures dans les
services de garde[5]) et pour bien d’autres motifs. Mais qu’est-ce que la
communication finalement? Il s’agit en fait d’un message, émis par un émetteur,
qui transite à travers un canal (moyen de communication) vers un récepteur. Un
contexte (référant) est directement en lien avec ce message.[6] D’autres éléments entrent également dans le modèle de
communication tel le code et la rétroaction, mais cela ne touche pas le cadre
de notre sujet.
Les moyens
de communication
Dans notre quotidien, nous avons tous à
communiquer avec d’autres être humains. Les raisons sont nombreuses et les
résultats peuvent être tout aussi divergeant des attentes initiales de
l’émetteur... Tel que le philosophe Allemand Karl Marx le citait : « L'individu est l'être social. Sa vie — même
si elle n'apparaît pas sous la forme directe d'une manifestation commune de
l'existence, accomplie simultanément avec d'autres — est une affirmation de la
vie sociale. »[7]. Bref, la communication fait partie de nous et de la société
dans laquelle nous vivons et évoluons. Il est essentiel de mettre l’emphase sur
l’évolution puisque cette composante a un effet sur les moyens pouvant être
utilisés, ceux-ci changent! En parlant de moyens, voyons les principaux
utilisés dans l’univers politique.
-
En personne : Contact de personne à personne (ou groupe).
Contact plus humain et de proximité.
-
Journal : Média de masse, général et peu ciblé sauf si
uniquement publié dans certains périodiques. Dans la majorité des cas, il est
question de nouvelles.
-
Fax : Communiqué de presse s’adressant aux différents médias
(Ex. TVA, Radio-Canada, Etc.).
-
Téléphone : Entrevue avec des journalistes qui peut se
transformer en article si le contenu est suffisamment d’intérêt.
-
Radio : Souvent des entrevues ou des extraits d’un politicien
répondant à des questions. Ce moyen a été très populaire par le passé, mais est
aujourd’hui moins préconisé par les auditeurs. De plus, ces derniers doivent
être à l’écoute du bon poste au bon moment.
-
Conférence de presse : Invitation de plusieurs médias à
assister à une annonce dont les sujets peuvent être fort variés.
-
Télévision : Entrevue, reportage, nouvelles quotidiennes.
L’auditoire est généralement composé de personnes désirant savoir ce qui se
passe dans leur monde aujourd’hui.
-
Sites web : Plateforme du parti politique donnant les grandes
lignes, la possibilité d’effectuer des dons ou de suivre les dernières
annonces.
-
Courriel : Bien que ce moyen existe, il semble être peu
utilisé par l’univers politique. Enfin, pas à des communications avec l’externe
du groupe.
-
Médias sociaux : Celui-ci n’est pas utilisé de manière
générale, seuls certains politiciens ou partis en font usage, mais il gagne en
popularité.
La panoplie de canaux augmente les
possibilités, mais dans le cadre de cet article, je préconiserai les médias sociaux.
Un rapide coup d’œil à la liste des moyens de communication pouvant être
utilisés nous permet de comprendre que ceux-ci ont bien évolué au fil du temps
et que de nouveaux ont fait leur apparition. Il est certain que certains moyens
offrent des avantages que d’autres n’ont pas, mais certains inconvénients
peuvent également les accompagner. Il s’agit en fait de sélectionner et de
cibler son auditoire puis de choisir le ou les plus propice à la diffusion d’un
message. Tout travail visant à émettre une communication claire exige donc une
certaine préparation de la part de l’émetteur et de son équipe, s’il y a lieu.
Les
structures de communications
Avant d’entrer dans le vif du sujet,
voici trois définitions :
Structure de communication :
« Une structure de communication est un
phénomène observable à partir du réseau d'interactions. Elle correspond à un
schème (pattern) émergeant et récurrent au sein du réseau de communication
entre membres d'un groupe. »[9]
Communication informelle : «
La communication informelle véhicule des
informations officieuses, elle emprunte des « voies » (réseaux) qui échappent
aux structures de l’organisation, elle est par nature imprévisible et
incontrôlable. »[10]
Communication formelle : « La communication formelle est une
communication organisée et maîtrisée. Elle a essentiellement pour but d’assurer
le bon fonctionnement de l’organisation, c’est-à-dire de faciliter les échanges
d’information, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’organisation. Cette
forme de communication est issue d’une structuration, les règles suivies par le
groupe lui sont préexistantes. »[11]
Lorsqu’il est question de politique,
ses acteurs doivent être très prudents lorsqu’ils diffusent un message. Les
partis politiques vont également mettre tous les membres du groupe au même diapason
afin d’éviter l’émission de message contradictoire aux autres. Certains
dossiers sont parfois litigieux ou encore sensibles, les politiciens doivent
alors tenir leur langue concernant des éléments précis. Les fuites
d’informations sont également une composante à ne pas prendre à légère puisque
les effets peuvent être assez sérieux. Un article[12] de Sébastien Bovet de Radio Canada donne un exemple de fuite
d’informations alors que le gouvernement du Québec s’apprêtait à rendre publique
la Charte des valeurs québécoises. Il croit également que cette supposée fuite
était en fait un « ballon d’essai » pour prendre le pouls de l’opinion
publique, ce petit jeu semble être de plus en plus utilisé par les grands
penseurs derrière les communications.
Dans le monde politique, rien ne peut
réellement être laissé au hasard puisque les journalistes risquent de trouver
un filon à exploiter. Pour cette raison et d’autres préalablement citées, il
est impératif que la majeure partie des communications soient formelles. Le
contraire est souvent synonyme de problèmes ce qui nécessite le plus souvent du
temps une action pour corriger le tir. De par ces contraintes, les
communications sont généralement très structurées et bien préparées avant
d’être transmises. Les relations avec la presse sont elles aussi planifiées
afin de transmettre un message clair et bien compris. Il ne faut pas oublier
qu’en général les politiciens sont entourés d’une équipe spécialisée en
relations publiques et de conseillers en relation de presse. Ses professionnels
sont responsables de préparer le message avant sa diffusion, d’exercer le
politicien, de corriger certains comportements, de faire une veille électronique
des différents médias afin de pouvoir réagir ou prendre position au besoin et
davantage.
Jusqu’ici il était question
d’interactions avec la population cible, il est certain qu’entre membres du
même parti qu’il doit y avoir nombre de conversations informelles. Ces dernières font partie de tout groupe qui
existe et leur caractère dans ce contexte est fort différent du reste. Ceci
peut sembler surprenant, mais il s’agit en fait de la face cachée, celles qui
ne sont pas médiatisées.
Les tendances actuelles
Nous sommes désormais conscients que les communications
politiques envers le public cible sont très structurées et elles sont de nature
formelle, du moins en sortie du groupe. Nous savons également que de nombreux
moyens de communication sont disponibles, mais seuls certains sont préconisés.
Voyons donc les tendances de l’heure actuelle lorsqu’un politicien désire
communiquer.
Tout d’abord, la télévision a été une tribune parfaite pour
lancer un message à un auditoire depuis le début de cette invention et c’est
encore le cas aujourd’hui. C’est essentiellement à partir des années 1980 que
ce moyen a été utilisé le plus[13].
Ce canal nous permet de percevoir une image de notre interlocuteur, des
expressions faciales, sa réaction face à certains commentaires ou questions
ainsi que sa voix. Il est facile de comprendre pourquoi cette technologie est
toujours autant utilisé de nos jours avec tant d’avantages, nous n’avons donc
plus besoin de nous rendre à une conférence.
La radio est toujours d’utilité, mais elle n’a plus la place
qu’elle occupait auparavant. Il faut dire aussi que la majorité des gens
privilégie la télévision au détriment de la radio. Cette dernière conserve tout
de même une couverture intéressante soit principalement lorsque les gens sont
au travail ou lors de déplacement en véhicule. Elle ne diffuse que le son.
Concernant les journaux, ce moyen est toujours encore assez répandu. Il existe
maintenant une version électronique, que l’abonné peut récupérer chaque matin
auprès du site ou d’une application spéciale (Ex. New York Times[14]).
Le plus souvent, un journaliste va écrire un article sur un sujet précis et y
annoter quelques extraits d’un entretien ou d’une conférence de presse. Ce
moyen de communication est certainement plus consulté que la radio puisqu’on y
choisit les articles qui suscitent notre intérêt alors qu’avec la radio, il
faut être là au bon moment.
En matière de web social, l’arrivée d’internet a également
permis aux politiciens d’avoir des sites à leur attention. Ce genre de canal
est particulièrement utilisé pour diffuser certains articles, d’ajouter des
photos, de récolter des dons, Etc. C’est généralement que les bons côtés qui
sont présentés afin d’avoir une image et une perception positive de l’entité
politique. Bien que ce type de page web se vent informationnel, il s’agit
davantage d’une structure promotionnelle ce qui en fait une composante bien
différente du travail journalistique présenté sur les autres médias que nous
venons de voir. À titre d’exemple, nous pouvons penser au site du Parti
Québécois[15], de
celui de Justin Trudeau (Parti Libéral)[16]
ou encore celui de la Maison-Blanche[17].
Concernant les médias sociaux, la tendance actuelle est en
plein essor puisque le nombre de politiciens y ayant recours est littéralement
en explosion. Cet univers est relativement jeune et cela transparaît dans
l’utilisation qu’on pourrait par moment qualifier d’amateur et tout autant
discutable. D’autres en font par contre un très bon usage et semblent suivre un
cadre de conduite assez stricte, les conseils d’une personne ressource ne peut
qu’expliquer ces comportements. Nombreux sont les utilisateurs des médias
sociaux à diffuser d’innombrables éléments, quasiment dénués d’intérêts, c’est
pratiquement une tempête de SPAM. Les
politiciens tentent de ne pas atteindre cet état pouvant frustrer ou irriter
les lecteurs (followers), ce qui peut
alors se traduire par un changement de la perception à ambivalente ou même
négative. En politique, avoir un avantage sur ses adversaires en matière de
votes est primordial sinon on risque d’être écarté. Les joueurs ont donc
tendance à imiter les comportements de leurs adversaires qui rapportent quelque
chose de positif et à ne reproduire ceux qui ont de fâcheuses conséquences.
Donc, on peut conclure que les médias sociaux sont utilisés, mais cela n’est
aucunement un constat universel. Il s’agit en fait d’une espèce de phase
exploratoire dont les actions, conséquences et résultats sont certainement
méticuleusement analysés de long en large afin de s’en servir à bon escient. Je
cite Pierre Guillou, dans un article intitulé « Les réseaux sociaux au coeur de
l'exercice politique » [18] :
« Il ne s'agit donc pas de nouveaux
outils de communication venant simplement s'ajouter aux outils traditionnels de
diffusion descendante d'information (presse, télévision, radio, tracts). Il
s'agit d'un changement profond de l'exercice politique, tant au niveau national
que local, rendu nécessaire par notre société en perpétuel mouvement. ». Il
en vient également à la conclusion qu’ils sont nombreux à ne pas avoir adoptés
les médias sociaux : « Toutes les
études aboutissent au même résultat : nos élus ne sont pas numériquement
connectés à la société d'aujourd'hui, et pour beaucoup d'entre eux, ils ne
comprennent pas les enjeux du Web social (selon une de nos études, les députés
ne sont pas sur Facebook - à 54% -, ni sur Twitter - à 78% - et, selon une
étude de l'Ifop[19],
85% ne connaissent pas le concept d'e-reputation). ». Comme quoi les temps
changent et le monde évolue vers de nouvelles technologies, mais certains
dinosaures progressent moins rapidement que d’autres… Voici quelques exemples
pour les sites de médias sociaux Twitter, Facebook et YouTube. D’autres sont
tout de même utilisés bien que je n’en fasse explicitement mention :
Flickr, Instagram, Linkedin, Etc.
Exemples de
comptes Twitter :
-
@JustinTrudeau[20]
-
@DenisCoderre[21]
-
@BarakObama[22]
Exemples de pages
Facebook :
-
Justin Trudeau[23]
-
Pauline Marois[24]
-
Barack Obama[25]
-
Équipe Denis Coderre pour Montréal[26]
Exemples de vidéos
sur YouTube :
-
Parti Québécois[27]
-
Parti vert (Canadians Green)[28]
-
Parti conservateur du Canada (Conservative Party of
Canada)[29]
Sir Wilfrid Laurier – campagne 1908 (Encyclopédie cnaadienne)
Campagne américaine de 1960 avec John F. Kennedy et Richard Nixon (CNN)
Débat présidentiel 2012 entre Barabk Obama et Mitt Romney (RealTruth)
Page Facebook de la Maison-Blanche
Site web de Barak Obama
Page Twitter de Mitt Romney
Forces et
règles sous-jacentes aux tendances
Différentes forces et règles ont
des impacts notables en lien avec l’utilisation des médias sociaux au
quotidien. Il est parfois question de l’opinion ou de l’interprétation qu’en
font les parties prenantes. Des limites doivent aussi encadrer les actions afin
de prévenir les excès. Des analyses sont également effectuées et permettent de
voir des tendances qui se dévoilent. Ainsi, j’ai divisé cette partie en trois
segments : le cadre référentiel, les constats et les débordements.
Cadre référentiel
Depuis maintenant plusieurs
années déjà, des entreprises ou autres organisations ont modifié les règles de
conduite auxquelles les employés doivent se conformer. Elles sont nombreuses à
exprimer le comportement que le salarié doit avoir en matière d’utilisation de
médias sociaux. Beaucoup d’employés se sont vu remerciés suite à la publication
de certains commentaires sur les sites de médias sociaux (Ex. Wal-Mart vs
musulmans[30],
l’affaire West Coast[31]
et Studio de jeux Eido vs Pauline Marois[32]).
Voici d’ailleurs certains passages de la Charte d’utilisation des médias
sociaux (MS) de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de
Québec : « Ces outils de
communication contribuent également à l'amélioration du climat social par une
mise en valeur de la qualité du travail effectué par notre personnel. Quant à
elles, les différentes activités médiatiques organisées et diffusées à faible
coût sur les MS visent à augmenter le rayonnement de l'organisation, reflétant
notre souci d'être au service de la communauté. » et «… Grâce aux MS, notre établissement est plus
que jamais un centre attractif pour de nouvelles recrues et stimulant pour
notre personnel. ».[33] Constat
similaire en consultant les principes d’utilisation des médias sociaux de Radio
Canada : « Les médias sociaux tels
que Twitter, Facebook et Flickr peuvent être un outil puissant et important
pour le travail journalistique, tant pour la collecte d'informations que pour
leur diffusion. Quelle que soit la plateforme utilisée pour la diffusion des
informations, nous restons fidèles à nos normes. Nous ne diffusons pas sur des
réseaux sociaux des informations que nous ne diffuserions pas à l'antenne ou
sur notre site Internet. Lorsque nous utilisons les médias sociaux comme outil
pour recueillir de l'information, nous appliquons les mêmes normes que pour les
autres sources d'information. Nous adhérons aux mêmes principes et valeurs dans
notre utilisation personnelle des médias sociaux. ».[34]
Bien que ses domaines d’application ne soient pas les mêmes que celui du monde
politique, ils viennent néanmoins baliser l’utilisation et confirment les
avantages d’une utilisation adéquate tout en dictant un cadre référentiel.
C’est un peu le même constat du côté des politiciens, ce sont en fait les «
têtes dominantes » qui diffusent afin d’avoir un message constant et uniforme. Frederic
Gonzalo arrive également aux mêmes conclusions dans son article portant sur les
avantages d’une politique d’utilisation des médias sociaux.[35]
Vidéo du département de la justice australienne
(Departement of Justice – Victoria, Australia)
Les constats
D’après la Politique éditoriale sur les médias sociaux du Directeur
général des élections du Québec, « Le
principal objectif de notre présence Web 2.0 est le même que pour nos sites
Web, c’est-à-dire mieux informer la population. Le but de la présence du DGE
sur les médias sociaux est d’entretenir une conversation et de faciliter les
échanges en partageant du contenu jugé intéressant par rapport à la mission de
l’organisation et non pas d’effectuer de l’autopromotion. »[36].
Le but premier de cette entité est donc la communication informationnelle
auprès de groupes cibles. Du côté des politiciens, même principe sauf qu’il
s’agit le plus souvent du temps d’autopromotion visant à venter ceux-ci. Selon un article de CTV News, Social media an increasingly vital tool in
election campaigns, les medias sociaux sont une partie des outils
disponibles pour communiquer avec les personnes : « It is part of the toolbox of different ways to communicate with people
and people are actively able to ask us questions and we’re able to respond in real
time »[37]. Donc,
il ne faut pas les considérer comme un moyen unique, mais bien comme une méthode
additionnelle au même titre que lors de la venue de la télévision à l’époque,
c’est la recette de cette adaptation qui semble difficile pour certains politiciens.
Barak Obama est une des personnalités qui a eu un fort succès avec les médias
sociaux. La campagne électorale américaine de 2012 s’est traduite par une
grande utilisation de Facebook. Il s’est par le fait même entouré de divers
spécialistes pouvant lui donner une longueur d’avance sur son adversaire. Ces
derniers compilaient des données de toutes sortes et le conseillaient dans ses
actions[38].
Cette situation sera certainement répétée à l’avenir par les futurs présidents.
La chronique d’Amina Elahi, How Social
Media Strategy Influences Political Campaigns[39],
nous informe que les médias sociaux sont désormais essentiels lors d’une
campagne électorale et que 83% des 18-24 ans avaient un compte social en 2008.
Les nouvelles générations utilisent désormais davantage les médias sociaux que
les Baby-boomers ou les X, il est donc impératif de suivre cette tendance. En
allant dans la même direction quant à l’utilisation des médias sociaux, David
Holmes (Can social media swing votes in this election campaign?)[40], est
d’avis que tous les canaux doivent être utilisés afin de mener une solide
campagne auprès des électeurs et que leurs utilisations n’est pas une certitude
absolue de remporter des votes additionnels, il faut combiner les moyens.
Les débordements
Selon un blogue de Nadia
Seraiocco[41], de
Radio Canada, les comportements inopportuns dont fréquents sur les sites de
médias sociaux : « En lisant les
mésaventures sur Twitter des apprentis politiciens[42], on
peut se demander si certains n’ont pas perdu leur objectif de communication de
vue : c’est-à-dire faire valoir leurs idées pour être élu. En politique, il
serait donc intéressant de se souvenir que le but du jeu est de gagner
l’élection, pas de faire sa thérapie en ligne, avant que le peuple ait le temps
d’aller aux urnes. ». Bien qu’ils soient nombreux à en faire un usage
complémentaire aux activités politiques, pour d’autre les médias sociaux sont
un territoire inconnu. D’après un article du journaliste Yvan Couronne, publié
un an plus tard, le constat est ambivalent : « Indispensable, souvent plat, parfois explosif: l'usage de Twitter par
les hommes politiques du monde entier est devenu quasi-systématique, mais
seules quelques personnalités ont réussi à transformer leurs comptes en outils
d'influence… Mais pour la plupart des élus, la langue de Twitter reste
mystérieuse. »[43].
Certains réussissent à l’utiliser de manière juste et productive alors que
c’est le contraire pour plusieurs autres. Un récent article de Simon Jodoin (Denis Coderre n’est pas vide, il est plein
de lui-même)[44], du
quotidien Voir, arrive à la conclusion que le politicien occupe peut être trop
de rôles en même temps dans sa campagne et qu’il annonce des annonces. Sa quête
pour briguer la mairie de Montréal semble trop axée sur le fait de diffuser et
de diffuser encore, on finit par le lasser par les liens, fils web, vidéos
s’auto redirigeant entre eux… L’auteur conclue ainsi : « Cette forme mythique du discours politique
prend par ailleurs beaucoup d’ampleur et il se trouve même des conseillers et
des stratèges qui ont bien compris cette nouvelle forme de relation publique:
Vous pouvez bien dire n’importe quoi, mais si vous le dites dans le flux des
communications 2.0, le flux lui-même pourra signifier et ainsi pallier à
l’insignifiance de vos propos. », comme quoi une omniprésence sans contenu
ne suffit pas!
Tendances
futuristes
Se référer au passé peut aider à comprendre ou anticiper
certains événements du futur, mais cela peut parfois s’avérer difficile
lorsqu’il est question d’un terrain inconnu ou en évolution constante. Il est
clair que le domaine des technologies évolue à pas de géant, il n’y a pas si
longtemps les sites web étaient forts différends de ceux d’aujourd’hui et de
nombreuses personnes n’avaient pas d’ordinateur alors que cela est dorénavant
plus rare dans les pays industrialisés. Voici donc les tendances que devraient
occuper les médias sociaux dans le monde politique sur une période de un an,
cinq ans et vingt ans.
Lorsque nous regardons un horizon d’un an, les choses vont
certainement changer un peu, mais pas de façon draconienne. D’après l’article
de Mike Johansson (5 Trends in Social Media Impacting Business)[45],
le temps d’utilisation des médias sociaux par les Américains a cru de 21% entre
2011 et 2012. De plus, cette courbe devrait croître de 20% pour les années à
venir. Il rapporte également que près de 58 millions d’Américains consultent
plusieurs fois par jour les réseaux sociaux. Les choses ne risquent donc pas de
changer du tout au tout en si peu de temps; plusieurs politiciens adopteront
les médias sociaux durant cette période. Pour certains il s’agira de premiers
pas maladroits et pour d’autres leur utilisation contribuera en partie à leur
succès. Bref, l’évolution de l’âge de pierre à aujourd’hui risque de ne pas
être donnée à tous. Quoi qu’il en soit,
tous les principaux intéressés vont majoritairement faire le grand saut.
Concernant les utilisateurs de ce type de média, ils seront un peu plus
nombreux à consulter les publications effectuées par les politiciens. Ce canal
revêtira donc une importance un peu plus grande aux yeux des politiciens. Déjà
certains sites donnent des directives à suivre pour obtenir du succès en se
basant sur la dernière campagne américaine : il faut penser qualité et non
juste quantité, une image vaut milles mots ainsi que calculer le retour sur l’investissement
(ROI)[46]. L’article
effectuait davantage un parallèle avec les entreprises, mais il est évident que
ces points seront repris. Dans une publication de Joe Garecht (Using Social
Media in Your Campaign)[47],
il donne les conseils suivants : choisir ses batailles, menaces uniforme
peu importe le canal utilisé, message clair et présent, être engagé et
finalement avoir un équilibre entre les moyens de communications. Ce genre d’analyses
et de recommandations seront de plus en plus fréquentes.
Sur une période de cinq ans, il est certain que le nombre de
politiciens commettant des bévues sera toujours notable, mais il devrait
sensiblement s’améliorer puisque ceux-ci apprendront à faire un usage propice
des médias sociaux. La gravité des écarts devrait également suivre la courbe
d’apprentissage, donc avoir moins d’importance au fur et à mesure qu’ils
apprennent. La quasi-totalité des acteurs de ce milieu seront présents dans cet
univers, de manière directe ou indirecte (Ex. via le compte du parti). Ceux qui
n’en sont pas seront fort probablement mis au rancard puisqu’ils ne seront plus
dynamiques aux modes de communication du 21e siècle. La dernière
élection américaine de 2012 leur servira sans l’ombre d’un doute comme un
modèle à suivre et à ajuster en fonction de leur programme. Les nouveaux
politiciens seront pour la plupart des habitués des médias sociaux, enfin les
plus jeunes du moins, et auront donc une aisance naturelle à les utiliser. Ils
seront, pour la plupart, conseillés par des experts de cet univers ou des
professionnels des relations publiques afin d’harmoniser les dialogues et
d’éviter les imbroglios médiatiques. Toujours plus d’utilisateurs suivront la
diffusion de contenu des politiciens sur les multiples plateformes. Enfin,
l’apparition d’outils donnant des analyses de tendances fera son chemin au fil
des ans. Le client cible va avoir l’impression que le message est parfois en
parfaite harmonie ou trop bien orchestré.
Si nous regardons les tendances
sur 20 ans, il sera impensable de ne pas être un politicien actif sur les
réseaux sociaux. Les jeunes d’aujourd’hui seront de jeunes adultes ayant grandi
dans un monde électronique et ne pas y avoir recours sera comme ignorer une
grande partie de la population. Les nouveaux politiciens feront partie de ces
mêmes générations et ce type de canal de diffusion fera partie d’eux, ils
seront conscients des bénéfices inestimables qu’ils peuvent offrir. Ils seront
entourés de services d’experts en communication et de logiciel pouvant leur
offrir des statistiques et des perspectives en fonction du contenu diffusé. Les
erreurs seront chose du passé et les politiciens appliqueront la règle
d’or : « les paroles s’envolent et les écrits restent ». Mieux vaut penser
et planifier avant de publier. Ils pourront prendre le pouls de la population
par le biais de ces moyens technologiques. La population pourra suivre
entièrement les activités politiques et le contenu de son programme par le
biais des médias sociaux, la télévision sera mise au second rang (en matière de
nouvelles). Un point négatif, le hic avec les médias sociaux c’est qu’il est
possible de « surpréparer » son message, tout semble presque trop parfait par
moment aux yeux du lecteur, similaire à l’horizon de cinq ans, mais encore plus
flagrant.
Mot de la fin
Nous évoluons dans la même société que les acteurs de la scène
politique. Notre présent façonne notre futur et l’utilisation des médias
sociaux est à l’heure actuelle en pleine explosion. Le nombre d’utilisateurs ne
cesse de croître de même que le temps qui y est alloué. Il est certain que les
politiciens seront de plus en plus actifs sur ce type de canal. Puissent-ils
changer le monde, seul l’avenir nous le dira!
Références
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